Dans la continuité de leur Livre Blanc « Tous Entrepreneurs ! » paru en 2011 et de leur participation active aux récentes Assises de l’Entrepreneuriat, les membres de la Commission Entrepreneuriat du MEDEF ont lancé en mai dernier une enquête* nationale à destination des chefs d’entreprise.
Un objectif : faire remonter du terrain le plus grand nombre de propositions à même de favoriser l’esprit d’entreprise et l’envie d’entreprendre.
A noter: l’outil d’analyse utilisé dans le cadre de cette étude permet de mesurer l’attitude émotionnelle des réponses.
Ce qu’il faut retenir des résultats de cette enquête
1. La France et ses entrepreneurs : « je t’aime, moi non plus »
« Pas d’amour sans confiance réciproque« . Si 81% des Français plébiscitent les entrepreneurs pour sortir de la crise, cette confiance n’est malheureusement pas partagée. A la question « Comment pensez-vous que la France considère ses entrepreneurs? », 82% des chefs d’entreprise interrogés expriment un avis généralement négatif. Parmi eux, 21% s’estiment « mal ou très mal aimés« . 16% sont persuadés d’être pris pour des « profiteurs » ou des « escrocs« . 11% parlent de « dénigrement » et de « mépris » de la part des politiques. 10% sont convaincus d’être rabaissés au rang de « vache à lait » ou de « machine à sous« . Plus grave, 9% prétendent être « seuls » et « laissés à l’abandon » quand 8% parlent de « suspicion » et 7% de « méconnaissance » totale de leur quotidien.
Les attitudes émotionnelles liées à ces réponses sont tout aussi inquiétantes. Au total, 95% des enquêtés expriment des sentiments d’amertume, de colère, sont critiques ou mitigés. A l’heure où la France a plus que jamais besoin des entrepreneurs pour créer de la richesse et de l’emploi, c’est un sentiment de découragement qui prévaut de leur côté. Les héros sont fatigués.
Seulement 2% des chefs d’entreprise interrogés avancent des propositions pour sortir de cette impasse. Certaines d’entre elles sont déjà défendues à travers le Livre Blanc de la Commission Entrepreneuriat du MEDEF paru en 2011 :
- Diffuser le plus largement possible la culture entrepreneuriale afin de faire évoluer les mentalités
- Médiatiser les réussites des chefs d’entreprises de toutes tailles afin de donner le goût d’entreprendre
- Rappeler l’importance l’importance du rôle économique des chefs d’entreprise, créateurs de richesse et d’emplois
- Expliquer leur quotidien
2. Le quotidien du chef d’entreprise : courir chaque jour un marathon avec des chaussures en plomb
La crise aurait pu être la première réponse apportée par les entrepreneurs à la question « Quels sont les problèmes les plus importants auxquels vous êtes confrontés au quotidien? ». Mais elle agit plutôt comme un révélateur. Le tableau dressé par les chefs d’entreprise de leur quotidien est noir. « Lourdeurs administratives », « charges fiscales et sociales » excessives, « difficultés de trésorerie », « manque de soutien des banques » sont autant de difficultés auxquelles se trouvent confrontés les entrepreneurs chaque jour.
16% des répondants parlent d’une « réglementation étouffante, contradictoire et sclérosante« . Parmi les principaux thèmes évoqués : 12% insistent sur des « charges sociales et fiscale exorbitantes fiscalité considérée comme punitive et confiscatoire » ; 10% font face à des problèmes de trésorerie et à « des délais de paiement par l’Etat et les grandes entreprises encore trop longs » quand 9% se plaignent d’un « droit du travail trop rigide » ; « Une totale incapacité des services administratifs à comprendre les problèmes des TPE/PME« ‘ est pointée du doigt par 9% des chefs d’entreprise interrogés ; Ils sont tout autant à dénoncer « une absence totale de soutien des banques vis-à-vis des jeunes entreprises« .
Les attitudes émotionnelles liées aux réponses à la seconde question de cette enquête place en tête des sentiments de critique (57%), d’amertume 23%) et d’inquiétude(10%). C’est l’amertume qui prédomine en termes d’intensité.
3. Pour gagner une compétition devenue mondiale, la baisse des charges est une priorité
A la question « Quels sont les principaux obstacles que doivent affronter les entreprises françaises pour gagner une compétition devenue mondiale? », les chefs d’entreprise réservent des réponses toutes aussi critiques. Si le « poids des charges » (19%), de « trop lourdes contraintes administratives » (12%) et « un droit du travail trop rigide » (9%) arrivent en tête, d’autres problèmes sont évoqués. Le « manque de reconnaissance envers les entreprises » (8%), une « mauvaise maîtrise de l’anglais » (7%) de la part de chefs d’entreprise et l' »inadaptation des structures de soutien » (7%) seraient d’autres freins empêchant d’envisager sereinement un développement à l’export.
Une petite lueur d’espoir, cependant. Si 63% des enquêtés formulent des critiques ou se plaignent d’obstacles, 24% d’entre eux font des propositions constructives (ou leur autocritique), ce qui témoigne d’une attitude positive face aux problèmes et de l’envie d’aller de l’avant : « nous devons apprendre à chasser en meutes, à manager des équipes interculturelles » ou bien encore « repenser nos investissements en termes de qualité du produit et non pas en termes de quantité« .
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*Echantillon représentatif de 289 chefs d’entreprise. Taille des entreprises: 60% moins de 10 salariés, 10 à 49 salariés, 23%, de 50 à 199 salariés, 12%, plus de 200 salariés, 4%. 26% des entreprises ont moins de trois ans. 30% des réponses ont été faites par des femmes. Enquête administrée par internet du 6 mai au 21 juin 2013. Un outil Scoop-Valeor.
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